Au commencement était l’idée (pas la plateforme)

Depuis des mois, je réfléchis au rôle que pourrait jouer le financement participatif dans cette crise sanitaire qui afflige le milieu culturel. Après tout, les créateurs l’envisagent généralement comme une source de revenus complémentaire… Alors, pourquoi ne pas y avoir davantage recours? Pourquoi ne pas créer une grande plateforme dédiée au financement participatif de la production culturelle?

Je suis certaine que certains y ont pensé, mais cette idée, oublions-la tout de suite!

Pas plus qu’il ne faudrait encourager les artistes à se créer une page pour amasser des dons, et ce, même s’ils pouvaient remettre des reçus d’impôt (quoique cette idée-là n’est pas mauvaise). 

Pour qu’elle atteigne son objectif, une campagne de sociofinancement orchestrée par un artiste ou une organisation culturelle doit être portée par un message « optimiste ». Je sais, ça peut avoir l’air déconnecté du contexte actuel, mais c’est comme cela pour les projets artistiques. La campagne doit inspirer, donner l’impression au contributeur qu’il participe à la construction de quelque chose qui s’en va droit et joyeusement vers le futur. Elle ne peut pas être menée comme une collecte de dons qui vise à combler des besoins urgents en logement ou en santé. Particulièrement en ce moment. L’empathie a ses limites.

Qu’on me comprenne bien : je ne dis pas que les artistes devraient s’abstenir de faire une campagne en ces temps de pandémie. Au contraire, s’ils ont un projet à mettre au monde, go (mais attention au message)! Ce que je dis, c’est que le secteur culturel a besoin de plus que le financement participatif. On parle d’une crise majeure affectant un milieu qui souffre depuis des années de la vampirisation de ses contenus par les plateformes numériques. Il est temps de faire payer ceux qui siphonnent, les fameux géants du web, avant de perdre des industries entières.

Je l’ai dit dans un texte précédent, le financement participatif s’avère plus essentiel que jamais dans le domaine de l’humanitaire et du communautaire. C’est là qu’il fait une différence en permettant aux citoyens de s’impliquer là où les besoins sont criants. En France, de nombreuses campagnes ont été réalisées avec succès sur Leetchi, KissKissBankBank et Ulule, afin de soutenir les hôpitaux, les services d’urgence et le personnel médical.

Règle générale, la population québécoise répond favorablement à ce genre d’appel. 

J’ajouterais aussi le domaine de l’innovation. Les idées originales, mais risquées, auront toujours besoin du soutien d’une première petite communauté. C’est souvent grâce à elle que de grands projets, des jeux vidéo aux balados en passant par des projets d’agriculture locale, ont vu le jour sans attendre l’aval des grandes institutions.

Bref. Tout cela pour dire que la direction de mon site va changer légèrement. Plutôt qu’aborder l’évolution du financement participatif, j’ai envie de m’attarder aux idées qui donnent envie d’habiter l’avenir, et qu’on trouve parfois en vitrine de ces plateformes. 

Premier texte de cette série : le financement participatif de l’agriculture et l’alimentation écoresponsables

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